O

Avant de nous lancer à la découverte du ○, rappelons notre idée de départ :

Les signes que nous utilisons machinalement pour écrire auraient un sens caché en lien avec leur forme. Autrement dit, des signes dont la valeur ne nous semble a priori que pratique pourraient au contraire signifier beaucoup plus. Et, à imaginer que nous nous rallions à cette hypothèse, le simple fait tracer des lettres formant des mots pourrait revêtir un sens supérieur.

Il y a les vingt-cinq lettres de l’alphabet qui se tracent au compas et à l’équerre (l’une ou l’autre, parfois les deux), et ce sacré petit S qui échappe à la règle, comme nous l’avons vu précédemment.

Aujourd’hui, c’est le ○ que nous allons examiner. Voyons un peu jusqu’où tout cela peut nous conduire.

Le ○ peut se tracer au compas. Il est même « la lettre qui sort du compas ».

Mais avant le maniement d’un quelconque outil autre que le crayon, le ○ est la première forme fermée réalisée par l’enfant. C’est entre 18 mois et 3 ans, après avoir gribouillé des lignes, que l’enfant réussit à refermer une ligne sur elle-même, créant ainsi un cercle, ou le symbole ○. Cela est comme un passage, le rituel d’une initiation de laquelle naît notamment « le bonhomme patate ». L’enfant semble alors passer d’une espèce de chaos à l’élaboration progressive de formes.

Est-ce un hasard si le cercle est le symbole le plus représenté dans la Nature et l’une des toutes premières formes tracées par les humains ?

Perles discoïdes en coquille marine et en roche de l’âge du Bronze dans le Centre-Ouest de la France l’exemple du Mas de Champ Redon à Luxé. A voir ici : http://httpsbooks.openedition.orgcths4592

Le ○ fascine, car c’est une figure qui n’a ni commencement ni fin. Dans la Tradition primordiale, il représente la perfection du Ciel, et si l’on fait apparaître son centre (la cicatrice laissée par la pointe du compas), il représente alors le symbole de l’Or des Alchimistes, le Soleil, source de vie.

Chez les proto-Chinois, il symbolise l’Œuf cosmique dans lequel nage Yin-Yang, facteur de la génération et de la transformation. Cycle de l’éternel recommencement. Et si le □ est le symbole de la Terre, règne de la quantité, du mesurable, de l’immanence, le ○ est le symbole du Ciel, règne de la qualité, de l’infini, de la transcendance. Le ○ et le □ définissent l’espace-temps cyclique entre lesquels l’Homme se dresse, à l’image de l’Arbre, pour réunir en lui le Ciel-Terre du Taoïsme.

Le Tao vu et vécu sur Terre. Le sens de la figure est important. En haut le Sud, en bas le Nord

On peut ainsi considérer que le ○ est la Force qui unit et réunit. Pas étonnant donc, que l’anneau représente l’union, que ce soit à travers l’anneau du mariage, l’anneau d’alliance, ou encore la Table Ronde, ou l’Arc-en-ciel dont la partie invisible fait communiquer les forces telluriques avec les forces célestes.

Le ○ a inspiré l’homme depuis la nuit des temps. Si le □ est devenu en quelque sorte l’emblème de l’humanité sédentaire ( □ est son champ, □ est sa maison de terre ou de pierre, etc.), le ○ est le symbole des peuples nomades (○ est leur foyer, ○ sont tipis et yourtes. ○ les attrape-rêves. ○ à l’image du Ciel sous lequel ils se déplacent).

Photo de Chait Goli sur Pexels.com

Le ○ symbolise la recherche spirituelle reliée à la Nature (rien à voir avec les religions) dont le Graal est la place juste de l’homme entre Ciel-Terre. Comme l’explique « La roue du Dharma » avec ses 4 nobles vérités et ses 8 marches (4 étant relié au □ et 8 au ○).

Personnellement j’ai un faible pour l’ensō qui signifie « cercle » en japonais, se trace d’un seul geste juste, et représente la vacuité et l’achèvement de la quête. Ensō qui n’est pas sans rappeler la cible du Kyudo, tir à l’arc japonais. Cible, laquelle, comme on le sait, est étrangère à la notion de cible occidentale moderne. La cible du Kyudo n’est qu’un éphémère espace-temps dont la véritable nature se situe ailleurs, dans un autre espace-temps, différent de celui de l’action et du vouloir.

Le O est la 15e lettre de notre alphabet latin.

Il faudrait des pages entières pour lister tout ce qui se rapproche symboliquement du 15. Il représente la parfaite expression tridimensionnelle – 3 x 5. Jésus mit quinze jours pour enseigner les huit béatitudes, selon les visions d’Anne-Catherine Emmerich. Les Hébreux gravissaient en chantant les 15 psaumes les 15 marches qui menaient au Temple de Salomon, comme les 15 vertus mènent au Ciel. Etc.

Si l’on se réfère au Tarot des Imagiers du Moyen-âge, la 15e place est occupée par le « Diable ». Et il n’y a vraiment que les idiots-bêtes pour associer cette lame au péché, à la damnation. Les hermétistes reconnaissent dans la peau bleue du personnage et dans son androgynie, la fusion du Soufre (représentant l’âme) et du Mercure (représentant l’esprit). Cette 15e place reflète l’avènement de l’Homme, le vrai, dépouillé de ses peurs et de ses faiblesses et debout et nu entre Ciel-Terre.

On dit qu’il suffit à un esprit tranquille de tracer cette boucle sans commencement ni fin pour trouver son centre et sa complétude qui ne fait qu’un avec la création. Vous ne risquez rien à essayer.

Bon vent… prochain rendez-vous : le L

Un avis sur « O »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :