Cet interview est extraite du Dossier de Presse téléchargeable en fin d’article.
De quoi parle Le temps des cerises ?
Au premier degré, Le temps des cerises raconte une vengeance.
Quarante ans plus tard, Louise retrouve fortuitement son « ennemie de classe » de l’école primaire : Marie-Odile Altier. La tragédie de son enfance remonte alors à la surface de sa mémoire et Louise décide de se venger des torts qui lui ont été fait, ainsi qu’à sa famille, et également à toute une époque, toute une façon de vivre ; à une classe sociale dans son ensemble : la classe ouvrière.
Le temps des cerises parle abondamment de ce monde disparu, de ses valeurs, de ses espérances. L’action se déroule dans une espèce de bâtisse vétuste : La Bambolina. C’est là qu’habitent six familles d’ouvriers partageant bonheur et misère. Un soir, Louise surprend une conversation entre ses parents où il est question de la mort de madame Altier, la mère de Marie-Odile. Quel mystère entoure cette mort ? Louise devra attendre neuf ans avant de le savoir, autant d’années durant lesquelles, après l’effondrement de la Bambolina, elle assistera à la destruction de sa propre famille.
Derrière la tragédie, il y a un homme : Pierre Altier, promoteur véreux, maffieux fratricide ‒ et plus encore ‒, qui a décidé de détruire une communauté et les membres qui la composent.
Quel est son univers littéraire ?
Pour moi, c’est du NOIR. En tout cas, le noir tel que je le comprends et aime en lire.
De mon point de vue, si ce genre de littérature se doit de renfermer une énigme, il doit avant toute autre chose proposer une ambiance ponctuée de sentiments forts, à la limite de la violence. La littérature noire doit puiser dans l’inconscient et y faire descendre le lecteur. Un bouquin noir est un ascenseur qui ne fait que descendre. J’imagine la littérature noire comme un vastissime parking souterrain dont, par définition, on ne connaît pas les limites. Parfois, on voit une porte, on l’ouvre, elle donne sur une volée d’escaliers poussiéreux et obscurs qui finissent par déboucher sur une autre salle de parking à première vue identique. Et l’on passe ainsi d’un volume à un autre. On cherche sa voiture, mais on ne sait plus où on l’a garée. On essaie de comprendre où l’on est, mais il y a peu d’indications, parfois une enseigne lumineuse indique la sortie, une lettre géante ou un chiffre se détachent dans le noir A5, -2, etc.
Je crois qu’à la fin du Temps des cerises, Louise aperçoit sa voiture garée sous un soupirail qui laisse filtrer un peu de lumière du jour.
Quelle est la raison d’être des Blues ?
Le Sud. Une toute petite tranche du Sud. Entre Toulon et Marseille. À Saint-Roch.
Oui, je sais, Saint-Roch n’existe pas en réalité, mais c’est là que tous les Blues se déroulent. Saint-Roch est un symbole. Le symbole d’une ville et d’un temps qui débute dans les années 50 et se prolonge jusqu’à boucler une boucle de trois mille ans. Saint-Roch est alors une cité grecque. Un lieu de mythes et de tragédies. Dieux et déesses hantent encore les collines et la mer. Déméter et Dionysos sont partout. Dans la réalité, Saint-Roch est le nom de l’ancienne prison de Toulon.
Les deux autres raisons d’être des Blues sont : la lutte des classes, et la lutte pour une langue accouchée par aucune « académie germanopratine ».
Comment définissez-vous votre écriture ?
Certains l’ont définie « outrenoire » (un clin d’œil à l’œuvre de Soulages). J’espère qu’il en est ainsi… ou qu’il en sera ainsi un jour ou l’autre. En tout cas, c’est un but.
C’est donc une écriture qui va du très noir au blanc aveuglant ; ce blanc étant soutiré au noir profond.
Cela demande énormément de travail car, entre nous, je ne sais absolument pas où je vais. Je découvre. Un fois que c’est écrit, je me dis « C’est p’t’êt’ ben ça… ou pas ». Je pense que dans quelques années j’y verrai plus clair. Mais j’ai un fil d’Ariane. Je progresse en aveugle, au ressenti et à l’intuition.
Quels sont vos projets ?
Ils sont nombreux. Pour l’instant, je concentre mon travail sur deux chantiers.
Sweet Memory Je raconte ce qu’il peut se passer entre deux personnes qui se rencontrent dans le cadre d’un soin. Autrement dit, dans un contexte spatio-temporel hyper précis : une heure dans un cabinet de soins. Et dans un rituel soignant-soigné (soi-niant/soi-nié) où tous les comportements sont codifiés. Actuellement, je me débats pour trouver une manière de peindre la psychose.
L’autre chantier est le « remake » de mon premier roman signé Catarina Viti : Femme au bord du Monde. J’utilise la même histoire, le même cadre. L’écriture est reprise par endroits, mais la narration reste identique jusqu’à un événement qui va être interprété de façon tout à fait différente par le personnage principal (Julia) et, bien entendu, de ce décalage va naître un développement totalement différent de l’histoire.
Et puis, m’étant remise récemment à la méditation transcendantale, je me retrouve avec un matériel nouveau et abondant que je vais utiliser dans des formats extra courts… mais « illustrés », uniquement sur papier, hors circuit commercial, home made, chaque pièce sera unique et numérotée, signée. Je pense que je réserverai ces petits livres-objets à de fidèles lecteurs, ceux qui sont en quelque sorte mes ambassadeurs. Ah, oui. Cette collection s’intitule Les Voyages du Hun. Dans le premier, il est question d’un œuf, d’un lapin, et du champ de pure potentialité.
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