L’erreur du débutant
Les conseils pour nourrir son compte Instagram ne manquent pas. Ils se ressemblent : “sois authentique”, “partage ton univers”, “fais parler tes émotions”. Autant de mantras recyclés à l’infini, comme si un filtre et une lumière chaude pouvaient suffire à dire la vérité d’un être.
Or, émouvoir n’est pas un artifice : c’est une secousse. Une vibration qui naît entre deux consciences.
Je ne suis pas scientifique et je n’ai jamais disséqué un hippocampe, mais j’ai appris quelque chose de fondamental : une image ne parle pas à notre raison. Elle frappe d’abord à la porte de notre système limbique, siège des émotions.
Avant même que nous sachions pourquoi, elle nous a déjà touchés, repoussés ou laissés indifférents.
Et c’est précisément là que réside la puissance d’Instagram : ce qui suspend le geste du scroller, ce n’est pas la beauté, mais la résonance.
C’est ce que j’aimerais qu’on explore ensemble aujourd’hui : non pas comment “bien poster”, mais comment penser l’émotion visuelle comme un prolongement de ton écriture.
Ce que j’ai découvert
Tu le sais maintenant, Instagram n’est pas une galerie d’art, c’est un espace de perception.
Le lecteur ne s’arrête pas parce qu’il trouve ton image “belle”, mais parce que quelque chose, dans cette image, fait écho à son propre monde intérieur.
Quand tu postes une photo, ton cerveau envoie un signal, mais c’est le sien — celui du lecteur — qui décide :
attraction, rejet, désir, dégoût… ou pire, indifférence.
Et derrière cette réaction se cache une mécanique simple : nous reconnaissons notre valeur dans la valeur que l’autre exprime.
Autrement dit : ton image fonctionne si elle lui dit, sans mots, “Je te vois.”
C’est ça, l’effet miroir d’Instagram.
Pas la mise en scène de soi, mais la rencontre entre deux sensibilités.
Tu n’as pas besoin d’être scientifique pour le comprendre : il suffit de te souvenir de la dernière image qui t’a arrêtée — celle qui a su, en une seconde, te faire sentir vivante.
La fabrique des images
Mais comprendre ce mécanisme ne suffit pas : il faut maintenant fabriquer ces images.
Il existe plusieurs formules, toutes valables selon l’émotion que tu veux susciter :
- L’image simple, quand tu veux dire une chose claire, directe.
- Le carrousel, pour dérouler une idée ou une atmosphère.
- Le réel, format MP4, pour plonger ton lecteur dans un mouvement, une voix, une musique.
- Le silence visuel, une image muette qui laisse la place à la résonance.
Chaque format possède son rythme émotionnel propre : le muet appelle la contemplation, la musique intensifie la mémoire, la parole crée la proximité.
Voici mes exemples :
- Pour partager mon univers, j’ai ma série “Nature” : une photo de ma collection personnelle, accompagnée d’une musique toujours différente.
- Pour parler de mon écriture, j’ai ma série “Citations” : une phrase, une seule image, et toujours la même chanson — Le Sud de Nino Ferrer.
Pourquoi ? Parce qu’elle m’est collée à la peau et à l’âme. Elle fait partie de ma texture émotionnelle.


Mais il ne faut pas de la musique partout. Sinon, tout devient chaotique. Certaines de mes séries sont muettes. (Je vous laisse découvrir lesquelles.)
L’important est de créer des repères sensoriels cohérents, comme une grammaire personnelle de ton émotion.
Et surtout, il faut que tes images te ressemblent.
Demande-toi ce qu’une image raconte — à commencer par la couverture de ton livre.
Est-elle gaie, mélancolique, inquiétante, nostalgique ? Quelle émotion première en ressort ?
Ta publication ou ta story n’est pas ton livre à côté d’un chat ou d’un mug de thé à la banane (même si ton chat est photogénique).
Elle doit faire parler l’esprit du livre, pas sa mise en scène.
👉 Exemple : pour Le Temps des cerises, j’ai choisi la couverture noire.
Parce que c’est un roman noir. Parce que le noir est mon fil.
Et même si cette teinte ne transmet pas un registre émotionnel très varié, elle permet tout : elle tranche, met le titre en valeur, et — surtout — va avec tout.
Pense à l’impression générale que ton feed dégage.
C’est ton autoportrait visuel, ta manière de dire “voilà comment je vois le monde.”
Je me souviens d’avoir découvert le feed d’une photographe qui mettait du blanc autour de ses images, en alternant rectangles hauts, larges et carrés.
J’ai trouvé ça génial. Ça collait à ce que je suis : ordonnée, minimaliste, attachée au silence et à la lumière.
Chez moi, rien ne traîne. Si j’achète un t-shirt, j’en jette un.
Mes vêtements tiennent dans une valise. Ma maison est minuscule, mon terrain immense, et mon regard se perd dans la nature.
Mon feed est le reflet exact de cela : vide, respiration, lumière.
Alors demande-toi : et toi ?
Pourquoi ne construirais-tu pas, toi aussi, cet univers visuel qui permette à tes lecteurs de faire connaissance avec ton écriture, ton regard et ta manière d’habiter le monde ?
Partie Action : À toi de jouer
🌱 Exister
Avant de poster, prends un temps pour observer ton propre feed.
Que racontent tes dix dernières images ? Quelle émotion domine : douceur, solitude, ironie, mélancolie, colère, espoir ?
Ce n’est pas un exercice esthétique, c’est un diagnostic de ton langage émotionnel.
👉 Ensuite, choisis une cohérence.
Décide quel climat tu veux installer.
- Ton roman est noir ? Laisse la tension visuelle respirer : des contrastes, du clair-obscur, du silence.
- Ta prose est poétique ? Laisse filtrer la lumière, la lenteur, les textures douces.
- Tu écris sur le réel ? Va vers la sobriété, le brut, le geste franc.
L’émotion ne naît pas de la sophistication, mais de la justesse.
✨ Briller
Si tu veux aller plus loin, construis un langage visuel reconnaissable.
Ne te demande pas “qu’est-ce qui plaît ?”, mais “qu’est-ce qui me ressemble profondément ?”.
Inspire-toi du cinéma : chaque plan a une intention.
Répète une musique, un cadrage, une palette — fais-en ta signature émotionnelle.
Tout ne doit pas vibrer en même temps. L’émotion se construit par alternance : silence et musique, vide et plein, repos et intensité.
Ton feed, finalement, c’est toi — non pas tel que tu veux paraître, mais tel que tu perçois le monde.
Et c’est ce regard-là que tes lecteurs viendront chercher.
Checklist avant le prochain épisode ✅
☐ Mon feed raconte une émotion cohérente (et non un catalogue d’images).
☐ Chaque publication est pensée comme une scène, pas une vitrine.
☐ J’ai identifié mes séries (formes visuelles récurrentes).
Pense à télécharger ton PDF interactif qui te servira d’aide mémoire.
Dans notre prochain tuto nous aborderons « la légende sur Instagram » à très vite ! Bon vent.
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