Un homme, nommé Rachid Blanchet, nous confie une suite de fragments autobiographiques. Plutôt qu’un récit de souvenirs, l’auteur nous propose une “recherche.”. L’homme Blanchet cherche à saisir ce qui fait sa masculinité, pendant que l’enfant Rachid essaye de percer le mystère de ses origines. Par éclats successifs, sa mémoire se tisse, sa parole s’épure, jusqu’au cri libérateur, voire jusqu’à la grâce quand l’auteur écrit : « Il m’a fallu ce livre pour remonter de Troie à Ithaque ».
Court texte pour une longue traversée
Retour à Ithaque est un texte bref et intense, une errance poétique qui condense dans un espace réduit une vaste charge émotionnelle, littéraire et symbolique. Comme son titre l’indique, il s’agit bien d’un retour, mais non vers un lieu. C’est un retour à soi, à l’origine, à l’essentiel, dans un monde contemporain où les repères sont souvent égarés. Rachid Blanchet expose sa fragilité d’être humain, et d’homme moderne, à la violence des souvenirs d’une vie. Il interroge l’être qu’il était, celui qu’il s’est construit, et l’homme-père qu’il est devenu. Il nous rappelle à nous-même, à notre histoire, et à tout ce qu’on abandonne en chemin pour devenir homme ou femme, et peut-être, à notre tour, parents.
Pourquoi nous voulons donner un supplément de visibilité à ce livre
- Ce texte est d’une beauté poignante, sans concession, porté par une langue simple mais profondément maîtrisée, toujours sur le fil.
- C’est un récit-miroir, une traversée de l’intime masculin, de la mémoire, de l’amour et du deuil.
- L’auteur ose parler de petitesse, d’abaissement, de blessure narcissique, de fragilité sexuelle — sans jamais sombrer dans l’apitoiement.
- Il explore la mémoire affective comme champ de bataille. On y voit un homme réécrire son passé pour se réapproprier son présent.
- Il replace le couple au centre du roman de soi. Pas comme aboutissement, mais comme rafistolage éclairé — un choix conscient, un radeau.
- Il rejoint la littérature du témoignage sans perdre sa dimension littéraire. C’est écrit. Vraiment écrit. Mais sans effet. Sans tricher.
Retour à Ithaque de Bruno Bonheur est le premier livre de la collection de livres autoédités Singulier-Pluriel que nous lançons en juin prochain


Une édition soignée
Le livre vient de paraître en autoédition sur KDP, dans une version à la fois sobre et magnifique, portée par une exigence esthétique rare en autoédition. Dès la couverture, le ton est donné : la mer stylisée, le regard d’Ulysse ou peut-être de Rachid Blanchet, ce narrateur blessé en quête d’origine. On est bien dans une édition qui assume l’intériorité du propos sans ostentation.
Post scriptum !
Et ce livre est drôle aussi. Un humour flottant, une autodérision clairement assumée frôle parfois un absurde réjouissant :
J’ai rencontré Kim Basinger à la faculté de lettres de Bordeaux. J’avais un cours en commun avec elle. « Vous vous rendez compte, dis-je à mes copains, je suis dans le même cours que Kim Basinger ! » Mais ils me regardèrent sans comprendre. Je pensai qu’ils ne me croyaient pas.
Semaine après semaine, j’essayais de l’approcher. À la fin du premier semestre, j’osai m’asseoir à côté d’elle. Elle me regarda. Je rougis et crus qu’elle allait se fâcher, mais non, elle me sourit. « Kim Basinger me sourit ! » pensai-je. Je n’en revenais pas.
J’étais encore puceau. Je ne faisais pas peur aux filles. Kim m’adopta.
Je lui servis de confident, de bouche-trou, de porteur. J’acceptai tout avec joie. C’était Kim Basinger et elle s’intéressait à moi !
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