Un beau roman. Une belle histoire -à l’écart des maisons d’édition-

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Nous avons tous rêvé un jour de voir nos textes édités à compte d’éditeur.

Pour certains, ce rêve s’est concrétisé.

Si pour quelques uns, le rêve a pris forme, pour l’immense majorité, il a tourné court ; pour une infime partie il a même viré au cauchemar…

Mais quelle que soit la tournure prise par les événements, il est une constante à laquelle aucun auteur, heureux ou malheureux, ne peut se soustraire : éditer à compte d’éditeur implique de se départir de tous droits sur son texte.

Dit plus simplement : ton texte, cher auteur, est désormais la propriété de ton éditeur. Ton texte et sa réalité matérielle : contenu, couverture, utilisation, détermination du prix, adaptation graphique et/ou cinématographique, etc. Tout sera dorénavant géré conformément aux règles stipulées dans le contrat que tu as signé, mais aussi, bien souvent ‒tu le découvriras à tes dépens‒, selon les « usages » de cette même maison d’édition.

Dit plus simplement one more time : si tu contractes avec un super éditeur doté de mégas moyens de communication et de distribution, c’est tout bon pour ton bouquin. Mais si t’engages avec un éditeur privé de ces super pouvoirs (catégorie majoritaire dans le secteur du livre), c’est un peu comme si tu signais par anticipation l’enterrement de ton bouquin. Non seulement cet éditeur ne fera strictement rien pour faire connaître et distribuer ton bouquin, mais toi-même tu ne seras plus autorisé à faire quoique ce soit de ton texte, jusqu’à ce que tu puisses enfin récupérer tes droits… des années plus tard, en général.

Mais je suis ici pour te raconter une belle histoire : celle de Calibre 12 (Blues 2), une de mes novellas, laquelle (grâce à Dieu) n’a jamais trouvé d’éditeur.

Début 2019, quelques jours après l’avoir mise en ligne sur le site monbestseller.com, je reçois un avis m’informant que ce court roman (novella) est sélectionné pour faire partie du grand « jeu » annuel du site, le Prix Concours dont les trois lauréats (Prix du Roman, Prix du Jury et Prix des Lecteurs) sont édités à compte d’éditeur. Lesdits éditeurs faisant partie du jury. Un mercato, en quelque sorte.

Calibre 12 recevra finalement le Prix des Lecteurs, lequel, exceptionnellement, cette année-là, ne sera pas édité… Paradoxe que j’ai vite vécu comme une véritable bénédiction, car rien de ce qui s’est passé ensuite pour ce titre n’aurait été possible une fois mes droits cédés à un quelconque boutiquier de l’édition.

Toutefois, le fait d’avoir été ainsi mis en vitrine quelques mois a permis à un nombre impressionnant de lecteurs de découvrir le texte et, pour certains, d’en tomber amoureux.

Calibre 12 fait partie d’une trilogie : Trois blues du Sud, autoédité sur Kdp-Amazon. Afin de le rendre plus accessible, je m’autorise à scinder la trilogie en trois fascicules distincts, proposé chacun pour la modique somme de 5€ ‒version papier‒. Quant à la version numérique, je l’offre gratuitement via amazon.fr et la diffuse sous format pdf, Epub, etc.

C’est ainsi que Calibre 12 élargit considérablement son audience.

Au fil du temps et de certains retours de lectures, j’apporte quelques retouches au texte, la plupart du temps imperceptibles au lecteur, mais pour moi déterminantes, eut égard à ma constante recherche littéraire.

Début 2020, je suis contactée par Catherine Cayuela, plasticienne. Tombée amoureuse de l’histoire, elle souhaite la traduire dans son propre mode d’expression artistique… Une vingtaine de tableaux seront exposés du 2 au 27 mars 2021, à la Galerie de la Médiathèque Jules Verne, 42150 La Ricamarie -Saint-Étienne.

La plage

La marge, la frontière, le bout du monde. La peau du monde.

Devant, la mer dont nous venons ; dans notre dos, le monde de nos conquêtes.

La plage, surtout la nuit est le lieu de toute métamorphose possible. Ici, tout est liquide : le ciel, les astres, la mer et la terre. Le liquide des métamorphoses devant lequel Tistou, être incomplet, est condamné à s’échouer.

Pour aller dans le sens de l’exposition, le livre broché Calibre 12 sera doté d’une couverture originale, réalisée d’après un des dessins de Catherine.

Se parfumer de rage. « For Him » de Calvin Klein. Ce « For Him » qui coupe définitivement du « For Her ».

De l’amour simple que Tistou voudrait offrir à Cherrie.

Ce parfum sur lequel il compte pour effacer en lui, « l’Autre », le sexe qui coupe, sépare, éloigne et finalement, tue.

Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, après l’expo, nous sortirons une édition spéciale, laquelle réunira dans le même livre broché le texte de Calibre 12, suivi des photos des œuvres de Catherine Cayuela. Chaque dessin sera accompagné d’un court texte de mon cru. Bien entendu, nous serons maîtresses d’œuvre du projet.

Fin 2020, c’est au tour de Frédéric Roussel de découvrir Calibre 12 et, dans la foulée, les deux autres Blues. Illustrateur, auteur de BD, réalisateur de films courts, il trouve l’inspiration dans les Blues. Il compose alors une somptueuse illustration de couverture qui vient remplacer mon bricolage d’origine, offrant enfin à ce livre la dimension esthétique qui lui faisait défaut.

Et maintenant, mon petit doigt me chuchote que l’histoire est loin d’être terminée…

Cela dit, concernant toujours Calibre 12, faisons l’inventaire de tout ce qu’une édition à compte d’éditeur m’aurait interdit :

  • Scinder le recueil de novellas en trois fascicules
  • Décider du prix de vente de mon livre, à savoir un prix raisonnable et attractif pour un auteur peu connu.
  • Moduler ce prix en fonction des circonstances attachées à mon plan de communication (notamment pour les versions numériques)
  • Proposer le texte intégral sur des plateformes de lectures de mon choix.
  • Offrir des exemplaires brochés, dédicacés en ne payant que le prix dérisoire d’impression facturé par Kdp.Amazon.
  • Changer de couverture.
  • Apporter toutes modifications et/ou révisions souhaitables au contenu du livre.
  • Promouvoir et sortir des éditions spéciales.
  • Offrir toute latitude à divers artistes pour qu’ils puissent s’approprier le texte et ainsi lui insuffler un supplément de vie.
  • Prendre toutes ces décisions et les appliquer sans devoir en référer à qui que ce soit.
  • En un mot : augmenter la vie et la réalité de ce texte en utilisant toutes les opportunités artistiques et éditoriales qui s’offrent à moi.

Parfois, à moins bien entendu de dénicher l’éditeur idéal, celui-là même qui va apprécier le livre, se battre pour lui, se démener comme un diable pour le faire sortir de l’ombremais de nos jours… et quand on n’écrit ni romance, ni feel-good, ni polar…

…parfois, donc, je me demande si la manière la plus efficace d’étouffer son texte n’est pas de le confier à l’une de ces innombrables maisons d’édition dépourvues des mégas moyens indispensables à la promotion des livres.

On sait qu’à moins d’appartenir au sérail de l’édition ou à un quelconque cercle people, les chances de vendre des piles de books sont infinitésimales. Sauf à ce que l’auteur lui-même se recycle en Super-VRP.

Aussi ne vaut-il pas mieux tout miser sur le texte, sur la vie même du texte, sur ses possibles transformations, son parcours, sa plasticité, sa dimension intrinsèque de communication, d’essaimage d’idées, de création ?

Longtemps j’ai cru que les auteurs qui campent fièrement sur leur statut d’indés le faisaient par défaut d’avoir trouvé un véritable éditeur. Aujourd’hui, je sais qu’en connaissance de cause, ils ont opté pour la liberté de créer.